Frantz, très beau film qui illustre très habilement les mécanismes de la PEUR, ses conséquences et ce que peut être la vie une fois qu’on s’en défait.
Face à l’inconnu, la réaction première est la peur. On souhaite d’abord l’éloigner, car si elle est loin, peut-être ne nous touchera-t-elle pas? Puis, la peur évolue en obsession paranoïaque, qui se transforme très vite en haine. La suite logique est de trouver des prétextes pour se justifier de cette haine qu’on ne s’explique plus. Et, progressivement, on ne sait plus vraiment où tout a commencé – quand bien même il y avait une raison. Une chose est sûre, le sentiment est bien là, tapi au fond de soi. Alors, la voilà notre preuve !
Ici, il est question de l’après-Première Guerre Mondiale. Le film s’ouvre sur une petite ville d’Allemagne en 1921. On y voit une famille dont le quotidien est rythmé par les visites au cimetière. Pour certains, leur feu-fils, et pour la plus jeune, son promis – son fiancé duquel elle ne souhaite pas tourner la page.
Le temps s’est comme arrêté avec les larmes. Le deuil qui n’en finit plus, et la haine pour la France, les soldats français, etc. La haine pour l’autre.
Des miroirs se révèlent à mesure que les personnages et leur complexité se dévoilent. Le jeu des miroirs a de multiples facettes. Il y a le miroir entre les soldats qui partageaient le même âge, la même génération, le même héritage de la querelle de longue date qui opposait la France et l’Allemagne. Ce même miroir, les proches du défunt le voient en cet « ami » de l’autre camp. Mais il y a aussi le miroir entre les nations française et allemande… Ces mêmes sentiments qui se manifestent de part et d’autres des frontières… Les facettes d’un même prisme.
Lorsque tout reflète tout et que tout est identique, serions-nous tous du même côté du miroir au final ?
L’ennemi est un homme comme les autres, juste né de l’autre côté de la frontière. C’est un homme qui ne souhaite pas plus tuer, ni mourir qu’un des nôtres. C’est un homme qui n’est plus, même s’il en a réchappé. La guerre prend la vie de tous. Les morts, mais aussi et surtout, celle des vivants qui souffrent de la perte de leurs défunts.
Les inimitiés tuent, mais la guerre a également un miroir inattendu : l’Amour.
Quelle est la place de l’amour dans la guerre ?! La même qu’en temps de paix. L’amour est en chacun ; et surtout pour ceux qui en veulent. La bible prône d’aimer son prochain comme soi-même. Or, en temps de guerre, on a tellement mal, qu’il est même difficile de se souvenir de la signification de l’amour de soi. Mais lorsqu’on y croit, on réalise que l’ennemi n’est pas plus hideux, pas plus coupable que l’âme qui nous renvoie notre reflet.
L’amour est partout. L’ennemi est partout. Tous deux sont dans le miroir. Si on aime le miroir, on aime aussi l’ennemi. L’ennemi devient ami et puisqu’on a tant en commun, on pourrait même en tomber amoureux !
La guerre et l’ennemi n’existent que dans certaines perspectives. Retournez le miroir et voyez. L’amour peut être là, comme dans une boule que l’on secoue pour y voir la neige. Secouez un peu et l’amour apparaît et pleut de la douceur dans les cœurs retournés des ennemis de l’autre côté du miroir.
Mais si tout n’est que perspective, amour et haine aux grés du vent, n’est-ce pas une histoire de mensonge.
À quel mensonge avez-vous le plus envie de croire ?
© Text by Nancy for OUAStylist